Jeudi 3 Juillet 2014
Rhoda Scott (orgue Hammond B3), Sophie Alour (Sax Tenor), Lisa Cat-Berro (Sax Alto), Julie Saury (batterie)
Il y a des artistes adulés du public, boudés par la critique, dans la musique comme dans les autres arts. Rhoda Scott est de ceux-là ; par exemple : aucune référence dans le Dictionnaire du Jazz (alors qu’on y trouve une autre Scott, Shirley, toute aussi intéressante, moins connue et reconnue)! Et pourtant elle poursuit, depuis plus de quarante qu’elle vit en France (venue en 1967 pour achever ses études de contrepoint et d’harmonie auprès de Nadia Boulanger), une belle carrière multiforme ainsi que le démontre une réédition récente de huit disques chez Universal pour le jazz (voir sa discographie).
Née aux USA, fille aînée d’un pasteur itinérant, elle grandit dans l’ambiance des églises noires de la côte Est, accompagne negro-spirituals et gospels dès l’âge de huit ans, ce qui marquera profondément son style (son solo gorgé d’un swing à secouer les morts et réveiller les endormis dans le titre d’entrée, sa composition Nova). Après des études à la prestigieuse Manhattan school of music of New York, elle débute chez Count Basie… et en France elle fera les beaux soirs du Bilboquet où les amateurs viennent nombreux écouter « l’organiste aux pieds nus » étiquette qu’elle conservera.
Ce Lady Quartet est né à l’occasion du festival Jazz à Vienne ; on y trouve une heureuse combinaison entre la grande tradition du jazz dit « classique-moderne » et l’actualité présente des trois jeunes musiciennes très à l’aise dans ce contexte, principalement la saxophoniste alto Lisa Cat-Berro, son intervention dans Nizza dans lequel R.S. varie les sonorités de son instrument avec une jouissance communicative. Dans Alligator Boogaloo de Lou Donaldson, Sophie Alour démontre qu’elle peut s’insérer dans tous contextes hors du langage qui lui est propre. Soutien impeccable de Julie Saury, énergique et précise. Ajoutons une très sensuelle version du thème de la grande Marguerite Monnot, l’Hymne à l’amour par la belle Sophie. Et avec Pistaccio, quel final !
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